Carte postale : Bulgarie et Roumanie

Zdraveyitye / Buna ziua ! Cet été, j’ai eu la chance d’être invitée au mariage d’une de mes cousines à… Bucarest (et non Budapest), en Roumanie. Vadrouilleurs dans l’âme, mon cher et tendre et moi-même en avons profité pour explorer cette région que nous n’avions pas encore visitée et avons donc passé une dizaine de jours sur la côte de la mer Noire avant de rejoindre la capitale roumaine.

C’est ainsi que nous partons le 14 juillet pour Bourgas (Бургас), ville bulgare qui m’a directement replongée dans l’atmosphère des cités communistes de l’Est aux larges avenues. Dès la sortie de l’aéroport, mon cerveau tente de se brancher en mode russe pour pouvoir communiquer avec la population locale. Le bulgare a en effet de nombreuses similitudes avec la langue de Pouchkine et je parviens à me faire comprendre. Le soir même, nous avons la surprise de pouvoir assister gratuitement à un concert des participants de l’émission The Voice nationale, événement assez kitsch avec chanteuses plantureuses en petites tenues et rappeurs en combi casquette-jogging-basket. En bref, nous nous serions cru à l’Eurovision !

C’est toutefois le lendemain que nous commençons à nous sentir vraiment en vacances. Nous prenons en effet le bus pour aller à Nessebar (Несебър), station balnéaire réputée pour sa vieille-ville classée à l’Unesco où nous passerons cinq jours.

Necrolog

Exemple de « necrolog »

À notre arrivée dans notre chambre d’hôtes, nous sommes surpris par ce qui ressemble à un avis de décès affiché sur le portail. Durant notre première balade dans la ville, nous en apercevons d’autres, soit accrochés sur les portes, soit collés sur les parois des stations de bus, voire même cloués à des arbres. Le plus étonnant est que ces avis de décès ne sont pas récents puisqu’ils indiquent à chaque fois depuis combien de temps le défunt a disparu. Il s’agit en fait de « necrologs », des avis de décès publics pour commémorer les morts. Et l’on en trouve absolument partout en Bulgarie.

 

 

Mais revenons-en à Nessebar. Dès notre première visite de sa presqu’île historique, nous tombons sous le charme de ses rues pavées bordées de maisons en bois et d’églises byzantines. Les couchers de soleil sous les ailes de son vieux moulin en bois, au bord de son port et du haut de ses remparts nous offrent de beaux moments romantiques. Nous nous prélassons également sur ses plages, en ayant une préférence pour celles du sud, plus calmes et familiales, plutôt que celles longées de discothèques au nord de la ville. Nous passons aussi une journée dans le très beau (et très grand) parc aquatique d’Aqua Paradise (que je recommande en passant).

Après 5 jours de détente absolue, nous reprenons la route vers le nord et rejoignons Varna (Варна), l’une des plus grandes stations balnéaires de la mer Noire. Nous y retrouvons l’atmosphère d’une ville moderne et dynamique avec de larges avenues arborées, une multitude de bars et de restaurants et surtout l’immense Jardin maritime, que nous parcourons lors de notre séance de jogging quotidienne. Hélas, les différences de température entre les intérieurs climatisés et la chaleur parfois étouffante de l’extérieur ont raison des poumons de mon cher et tendre, qui commence une mauvaise toux. Heureusement, nous logeons dans un superbe appartement AirBnb (que je vous conseille vivement tant pour son confort que pour la gentillesse de son propriétaire) qui lui permet de se retaper quelque peu avant de poursuivre notre route.

Le 22 juillet, nous voilà partis à bord d’un minibus de grand luxe (c’est-à-dire équipé de ceintures) pour rejoindre notre dernière destination bulgare, Baltchik (Балчик). Cette petite station balnéaire attire les touristes en raison de ses jardins botaniques et de son château où a résidé la reine Marie de Roumanie dans les années 1920. Nous passons notre première journée sur l’une de ses petites plages, où nous tentons d’éviter les méduses (car oui, les méduses sont apparemment nombreuses sur la côte de la mer Noire, ce qui n’inquiète pas le moins du monde les nageurs russes et locaux). Le lendemain, après une matinée tombée à l’eau à cause d’un gros orage qui nous aura trempés littéralement jusqu’aux os, nous profitons d’une fin d’après-midi tranquille au bord de la mer en rencontrant de nombreux chats et chiens errants, ces derniers portant une étiquette à l’oreille. Une triste réalité à laquelle nous faisons face depuis le début du voyage. Le lendemain, après une dernière nuit sur le sol bulgare, nous passons notre matinée dans les allées colorées des fameux jardins botaniques de Baltchik avant de connaître nos premiers énervements avec les transports roumains…

(J’ouvre ici une parenthèse pour parler de nos mésaventures, mais vous pouvez passer  directement au paragraphe suivant qui vous amènera directement à Constanta (Constanța). Nous avions vu sur Internet que deux compagnies de bus roumaines assuraient plusieurs fois par jour la liaison entre Baltchik et Constanta, ville roumaine où nous comptons loger quelques jours avant de partir à Bucarest. Or, pour réserver ces bus, il faut appeler, ce que mon cher et tendre avait fait la veille. Le problème est que les employés de ces compagnies ne parlent que roumain. Au bout de 3 appels, nous parvenons quand même à nous faire comprendre en anglais et apprenons que le bus partira le 24 juillet à 14h en face du « Castel Regina Maria », soit en bord de mer. Nous arrivons donc le jour J à 13h30 à l’endroit convenu et attendons… 14h sonnent et toujours pas de bus. Mon cher et tendre rappelle donc la compagnie pour savoir si nous sommes au bon endroit. Son interlocutrice lui explique que le bus a pris du retard à Varna mais qu’il arrivera bien au « Castel Regina Maria ». 14h30 : toujours aucun signe du bus. Nous commençons donc à demander à plusieurs passants si quelqu’un parle roumain pour pouvoir rappeler la compagnie et obtenir des informations plus fiables. Au bout de quelques minutes, nous tombons sur une Roumaine qui accepte de jouer les interprètes. Elle nous apprend alors que le bus devrait arriver dans 5 minutes, non au « Castel Regina Maria » comme notre interlocutrice nous l’a répétée maintes fois, mais au « White Rock Castle », un hôtel qui se trouve tout en haut de la côte, soit à quelques mètres de notre hôtel et non au bord de la plage… Ni une, ni deux, nous remontons la flopée de marches reliant la plage aux hôtels et arrivons en face du White Rock Castle Hotel à bout de souffle, les mollets en feu et le dos trempé… Une heure se passe et toujours aucun bus à l’horizon. Mon cher et tendre rappelle à nouveau la compagnie, en espérant pouvoir monter dans le bus prévu à 16h. Et là, il entend son interlocutrice se moquer ouvertement de nous à ses collègues de bureau avant de nous dire qu’il n’y a plus de bus avant demain matin et de nous raccrocher au nez… Notre premier contact avec les Roumains est donc loin d’être positif. Nous tentons alors la deuxième compagnie de bus, qui nous dit qu’il n’y a plus de bus avant demain matin mais dont le site Internet indique un dernier départ à 16h45 depuis la gare de Baltchik. Nous tentons quand même notre chance et dépensons nos derniers levs bulgares (nous avions déjà échangé nos billets locaux contre des lei roumains la veille) pour prendre un taxi. Une fois à la gare, nous tentons de demander à la femme derrière le guichet d’où partent les bus pour la Roumanie en lui montrant le site Internet de la compagnie. Après nous avoir répété qu’il n’y avait pas de bus roumain au départ de Baltchik et qu’il fallait retourner à Varna, elle se fait interrompre par un homme qui nous conseille d’attendre devant la station de bus située en face de la gare. Chose que nous faisons pendant une demi-heure avant de nous faire à l’idée de devoir trouver un hôtel pour la nuit et de prendre le bus demain matin. Mon cher et tendre rappelle donc la compagnie pour confirmer les horaires du lendemain quand l’interlocutrice lui demande si nous voulons partir aujourd’hui car il est encore possible de prendre le bus de « fourteen forty five (14h45) » (indice : il y a une erreur de traduction ici) qui a pris du retard à Varna et qui devrait être là dans les 15 minutes. Sans trop y croire, nous restons donc sur place et miracle ! À 17h15, nous apercevons enfin un minibus portant fièrement l’inscription « Bulgaria – Romania » sur son pare-brise. Le chauffeur a l’air énervé mais nous montons et partons sur le champ pour arriver enfin à Constanta en début de soirée. Une première mésaventure qui aura mis nos nerfs à rude épreuve et qui présage d’autres péripéties avec les transports roumains…)

Avec son vieux casino Art Nouveau dont la beauté se laisse dégrader par le vent et les embruns de la mer qui se déchaîne à ses pieds, Constanta dégage une ambiance particulière. La partie historique de la ville se pare en effet d’une élégance surannée qui tranche avec l’animation du centre et de ses longues plages de sable. Notre unique journée dans cette station balnéaire roumaine est donc marquée par des balades très agréables. Cette première visite sur le sol roumain nous permet également de nous confronter à la langue roumaine. Nous parvenons à déchiffrer les panneaux et autres indications écrites, mais impossible pour moi de comprendre les habitants. Toutefois, beaucoup de Roumains parlent et comprennent le français, l’ayant appris à l’école. Il est d’ailleurs beaucoup plus facile pour eux de communiquer dans la langue de Molière que dans la langue de Shakespeare. Vous voilà donc prévenus si vous souhaitez explorer le pays. Ayant perdu plus d’une après-midi dans les transports la veille, nous décidons de prendre le train pour rejoindre Bucarest (București), pensant éviter les désagréments des voyages en bus locaux. Là encore, j’ouvre une longue parenthèse. Libre à vous de passer directement à Bucarest.

(Grossière erreur… Arrivés à la gare, nous faisons face à une file monstre devant les guichets. Au bout de 20 minutes, pensant enfin acquérir les billets pour le train de 14h, la guichetière nous annonce qu’il n’y a plus de place avant 14h45 et qu’elle n’accepte que les paiements par cash, malgré les logos de carte de banque collés sur la vitre et le lecteur de carte mis bien en évidence, juste à côté de son ordinateur… N’ayant plus assez d’argent liquide, nous tentons de réserver nos billets sur le site Internet des transports ferroviaires roumains, en vain. Nous finissons donc par retirer de l’argent et refaisons à nouveau la file pour arriver devant le guichet. Pensant obtenir des billets pour le train de 14h45, nous apprenons qu’il n’y a plus de place et qu’il faudra attendre 17h… Légèrement énervés, nous nous tournons à regret vers les bus. Nous en voyons justement un dont le chauffeur nous assure qu’il part à Bucarest dans la demi-heure. Nous mettons donc nos bagages en soute, montons à bord et nous rendons compte qu’il n’y a plus aucune place assise… Retour à la case départ. Nous récupérons nos bagages et demandons à l’un des chauffeurs de bus en stationnement s’il sait quand aura lieu le prochain départ pour Bucarest. Au moment où il nous répond qu’un bus partira à 15h, il commence à pleuvoir à grosses gouttes et nous faisons la rencontre de deux touristes qui sont tout aussi désespérés que nous à trouver un moyen d’aller à Bucarest. Un peu avant 15h, un minibus arrive enfin, plusieurs personnes se ruant à l’intérieur pour échapper à l’averse. Nous les imitons. À peine installés, nous voyons les passagers redescendre en vitesse pour récupérer leurs valises et monter à bord du bus que nous avions abordé plus tôt. La troisième fois que nous déposons nos bagages en soute est heureusement la bonne et nous partons enfin pour Bucarest vers 15h30. C’était toutefois trop beau pour être vrai. Après une bonne heure de route, le bus ralentit pour s’arrêter complètement dans un bouchon monstre. Nous voilà coincés pendant plus d’une heure sur l’autoroute en raison d’un accident. C’est donc seulement vers 20 heures que nous arrivons enfin à Bucarest, où je retrouve ma sœur et ma tante (qui a elle aussi connu des mésaventures, mais c’est une autre histoire, trop longue à expliquer et il y a déjà trop de parenthèses dans cette carte postale). Note pour ceux qui souhaitent voyager en train en Roumanie : achetez vos billets bien à l’avance ! J’ai appris par notre hôte Airbnb à Bucarest que les trains étaient en fait gratuits dans l’ensemble du pays pour tous les étudiants, ce qui réduit donc énormément les places disponibles. Vous voilà prévenus !)

Arrivés le 26 juillet au soir, nous avons une bonne journée devant nous pour visiter Bucarest avant le mariage samedi et notre retour sur le sol britannique dimanche. La capitale roumaine est une belle surprise. Nous sommes en effet charmés par ses gigantesques avenues où vieux bâtiments dégradés se mêlent à des bijoux historiques et curiosités architecturales modernes. Un méli-mélo détonnant traversé par les eaux tranquilles de la Dâmbovița. Nous explorons son quartier historique et admirons son imposant palais du Parlement avant de flâner et de dîner en compagnie de ma sœur et de ma tante au parc Herăstrău.

Enfin, le samedi 28 juillet, nous retrouvons le reste des invités du mariage dans la superbe Biserica Italiană pour assister à l’échange des alliances avant de faire la fête jusqu’aux petites heures du matin dans le décor pittoresque de la Casa Universitarlor. Un mariage parfait (si l’on fait abstraction des « Champions du monde » chantés à tue-tête par la majorité des amis français des mariés à chaque discours…) et une fête qui nous aura permis de découvrir une autre région du monde. Merci donc à ma chère cousine pour ce voyage haut en couleurs sur le littoral de la mer Noire !

Et pour conclure cette carte postale déjà bien longue, quelques petites perles linguistiques et photos des nombreux bureaux de traduction croisés en chemin (car oui, en Bulgarie et Roumanie, les traducteurs font encore leur publicité dans la rue).

Dovijdanie / La revedere !

À propos de Elise Lignian

Traductrice de l'anglais, du russe et de l'espagnol vers le français, je travaille en tant qu'indépendante. Rédaction, correction, révision de traduction et traduction sont les services que j'offre à mes clients. Pour plus d'informations à mon sujet, consultez dès maintenant mon site http://translovart.com.

Une réponse "

  1. Alexandra Lignian

    Coucou Elise,
    Je tombe tout juste sur ton article … un peu en retard! ^^
    Je suis ravie que notre mariage vous ait donné l’occasion de faire ce voyage riche en péripéties et d’écrire un récit haletant plein de suspense… C’est toujours très agréable de lire tes articles 😉
    Bonne année 2020!

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  2. juste pour m’inscrire à ta newsletter pour tes prochaines publications, avec ma nouvelle adresse. Gros bisous, parrain !

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  3. Pingback: Carte postale : Bulgarie et Roumanie — Translovart – Vivre en Roumanie

  4. Merci de nous faire part de votre voyage, très utile à tous notamment le prix du train par exemple.
    Excellent, ça donne envie de le transférer sur mon blog si vous m’autorisez?
    https://vieroumaine.wordpress.com/

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  5. Encore merci pour le voyage, certes bien mouvementé 😉 , mais agréable à vivre par cette agréable lecture. Gros bisous !

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  6. Lignian Dominique

    Effectivement, les voyages en train en Roumanie sont pittoresques. Pour rejoindre Bucarest et mon avion de retour en Belgique, j’ai dû poireauter 3h à Brasov, car mon train qui venait de Budapest avait pris 3h de retard. J’ai eu mon avion tout juste alors que je pensais avoir tout mon temps.
    Après mes mésaventures à Constanta, j’ai eu encore un coup de stress !

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