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Saint Jérôme de Stridon et la Journée internationale de la traduction

Comme nous sommes pile à la fin du mois, vous auriez pu vous attendre à mon petit bilan habituel. Or, le 30 septembre, c’est la Saint-Jérôme et la Journée internationale de la traduction (et aussi celle du podcast, comme je l'ai appris ce matin, mais même si je suis très friande de ce format, ce n'est pas l'objet de ce billet). J’avais envie aujourd’hui de vous en apprendre un peu plus sur le saint patron des traducteurs.

Saint Jérôme écrivant, Le Caravage

À le voir ainsi écrire dans le noir, enveloppé dans son drap, j’imagine qu’il était en train de finir un projet urgent à rendre le lendemain matin. En tout cas, si l’on fait abstraction de la barbe, de l’auréole et du crâne posé en décoration sur son bureau, c’est à peu près à ça que je ressemble lorsque je passe une nuit blanche à relire une traduction, à la lueur de mon ordinateur, mon plaid sur les épaules et le nez plongé dans le Guide anglais-français de la traduction de René Meertens, en quête du bon mot. Mais qui était donc ce Jérôme et pourquoi est-il devenu le saint patron des traducteurs ? C’est ce que nous allons découvrir.

Avant de devenir un saint, Jérôme était un homme à peu près comme les autres (en mieux, vu qu'il était traducteur 😁). Il est né vers 347 à Stridon, une cité romaine qui se trouverait entre la Croatie et la Slovénie actuelles. À 12 ans, il part à Rome pour suivre ses études. Quatre ans plus tard, il apprend le grec. À la suite d’un rêve, il se convertit au catholicisme et décide de partir en Terre Sainte. Il entame ainsi un voyage jusqu’à Antioche puis rejoint le désert dans le nord de la Syrie, où il vit avec d’autres ermites (comme tout bon traducteur qui se respecte 😅). Passionné par les écrits bibliques, il rédige ses premiers commentaires sur la Septante, une traduction grecque de la Bible hébraïque. Jérôme est tellement calé sur le sujet qu’il commence à se faire un nom. Après avoir vécu en ascète dans le désert, il retourne à Rome et Damase Ier, le pape de l’époque, décide de profiter de ses connaissances linguistiques pour l’embaucher comme secrétaire. Le pape fait aussi appel à lui pour mieux comprendre certains termes bibliques (et Jérôme de lui répondre « Je ne suis pas un dictionnaire » ou « Ça dépend du contexte » 😆) et lui demande de réviser la traduction latine des quatre Évangiles en la comparant à la version grecque. Il faut savoir qu’à l’époque, il existe une multitude de traductions de la Bible qui étaient très différentes les unes des autres (ce qui est normal vu qu'il existe autant de traductions possibles que de traducteurs). À la mort de Damase Ier, comme notre ami Jérôme est plutôt mal vu par le clergé à force de critiquer leur mode de vie un peu trop riche, il retourne à Antioche puis part en pèlerinage en Galilée puis en Égypte. Il décide à son retour de fonder un monastère à Bethléem. Dans cette communauté d’ascètes, les Écritures sont au centre de l’attention. Jérôme continue de parfaire ses connaissances bibliques en apprenant l’hébreu et en étudiant les versions grecque et hébraïque de l’Ancien Testament. Il entreprend alors sa propre traduction de la Bible, en s’appuyant non pas sur la version grecque, qui était largement utilisée à l’époque, mais plutôt sur la version hébraïque, plus ancienne. Il est aussi l’un des premiers à privilégier le sens plutôt que les mots. Il va ainsi passer des jours et des nuits à comparer les traductions existantes en latin, en grec et en hébreu afin de mieux comprendre chaque passage. Il recherche également le sens historique et allégorique de chaque texte avant de produire sa propre traduction. Jusqu’à sa mort le 30 septembre 420, il continue de rédiger des commentaires sur les diverses Écritures, créant ainsi une source de connaissances extrêmement précieuse.

Durant sa vie, Jérôme n’était pas toujours bien vu par le clergé, vu qu’il le critiquait fortement et prônait l’ascétisme. Sa traduction latine de la Bible, qu’on appelle la Vulgate, met du temps à être acceptée par l’Église, mais est de plus en plus utilisée au fil des siècles. Plus d’un millénaire après la mort de saint Jérôme, elle devient le tout premier livre imprimé sous la presse de Gutenberg. En 1542, le concile de Trente élève la Vulgate au rang de Bible latine officielle. Elle le restera jusqu’en 1979, où elle sera remplacée par une révision appelée Nova Vulgata. Quant à Jérôme, il est sacré Père et Docteur de l’Église par le pape Boniface VIII au XIIIe siècle et devient le saint patron des traducteurs, mais aussi des bibliothécaires, des archivistes, des archéologues, des documentalistes, des encyclopédistes, des docteurs, des pèlerins et des étudiants. En bref, il est le patron de tous ceux qui sont en quête de sens.

La Journée internationale de la traduction est célébrée le 30 septembre, date de la mort de saint Jérôme, depuis 1991, bien que la Fédération internationale des traducteurs la fête depuis 1953. Cette journée reste nécessaire, car elle rappelle l’importance de la profession de traducteur et l’immense richesse que représente chaque langage de la planète. Les langues sont les gardiennes de la culture et de l’histoire de chaque communauté. Par leur travail et leurs connaissances des langues, les traducteurs et les interprètes permettent de passer au-delà des mots et des frontières, de mieux comprendre l’autre et de pouvoir dialoguer avec l’étranger. C’est grâce à l’échange d’idées que l’on peut avancer. Et même si à mon niveau, je ne fais pas vraiment bouger les lignes, je suis toujours aussi fière de dire que je pratique ce beau métier 😊

Si vous êtes traducteur et que vous passez par ici un 30 septembre, je vous salue donc bien bas et vous souhaite bonne fête !

À propos de Elise Lignian

Traductrice de l'anglais, du russe et de l'espagnol vers le français, je travaille en tant qu'indépendante. Rédaction, correction, révision de traduction et traduction sont les services que j'offre à mes clients. Pour plus d'informations à mon sujet, consultez dès maintenant mon site http://translovart.com.

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