Oui, je suis toujours en vie et non, je n’étais pas en vadrouille. Désolée pour le gros retard mais j’avais pas mal de commandes de rédactions ces jours-ci et je ne trouvais plus l’inspiration ni le temps de m’occuper de mon blog. Mais me revoilà parmi vous !
Comme en ce moment j’ai beaucoup de traductions de présentations d’opéras et de ballets, j’avais envie de vous parler aujourd’hui d’une technique de traduction uniquement utilisée dans le domaine des arts de la scène : le surtitrage.
Qu’est-ce que le surtitrage ?
Le surtitrage est un procédé qui permet d’afficher au cours d’un spectacle vivant la traduction de ce qui est dit ou chanté sur scène. En somme, c’est un peu comme le sous-titrage, sauf qu’ici la traduction se trouve en haut de la scène et non en-dessous. Ce procédé est encore relativement récent puisqu’il ne serait apparu qu’au début des années 1980 (bon OK, ça fait déjà plus de 25 ans mais c’est quand même beaucoup plus récent que l’utilisation des sous-titres). Aujourd’hui, le surtitrage est en plein essor. Le public semble en effet s’intéresser davantage aux productions étrangères et souhaite les apprécier dans leur version originale.
Similarités avec le sous-titrage
Le surtitreur est soumis à des contraintes similaires à celles que rencontre le sous-titreur. En effet, puisque l’on met plus de temps à lire un texte qu’à l’entendre, le passage d’un texte oral à un texte écrit impose des contraintes d’espace, de temps et de rythme. En d’autres termes, le traducteur doit veiller à ce que ses sous-titres ou surtitres :
– ne dépassent pas un certain nombre de caractères pour pouvoir être affichés à l’écran ou au-dessus de la scène ;
– puissent être lus rapidement par les spectateurs ;
– soient diffusés en parfaite simultanéité avec le discours qui se dit à l’écran ou sur scène.
Si les normes de longueur des surtitres sont moins strictes que pour les sous-titres (qui doivent impérativement faire moins de deux lignes de 35 à 40 caractères), le surtitreur doit toujours veiller à traduire ce qui se dit sur scène avec le moins de mots possibles. Il sera donc parfois contraint de supprimer des éléments ou de les reformuler afin de condenser au maximum le message sans qu’il soit incompréhensible pour les spectateurs.
Une autre des similarités que le surtitrage partage avec le sous-titrage est la présence d’éléments visuels et sonores auxquels le traducteur doit tenir compte pour réaliser sa traduction. Le jeu des acteurs, les gestes, les intonations, les décors, les accessoires peuvent en effet lui permettre de couper certains passages sans que le spectateur ne perde le sens de la scène qui se déroule sous ses yeux. Les surtitres et les sous-titres doivent toujours interagir avec le son et les images.
Un exercice ardu
Si le surtitrage ressemble en de nombreux points au sous-titrage, il présente également des difficultés qui lui sont propres. Contrairement au sous-titreur qui a devant lui un texte source définitif, puisqu’il reçoit le film quand il est déjà tourné, le surtitreur doit faire face à un texte en perpétuel mouvement. Il ne peut en effet pas traduire « simplement » (je le mets entre guillemets car traduire n’est jamais simple) les dialogues écrits par l’auteur de la pièce de théâtre car ce texte est susceptible de changer à tout moment. Le texte d’une pièce de théâtre n’est jamais figé car il dépend du jeu des comédiens et de l’interprétation que lui donne le metteur en scène. Pour fournir une traduction de qualité, le surtitreur se doit donc d’assister aux répétitions pour se familiariser avec le jeu des comédiens et rester en phase avec la mise en scène, tout en sachant que sa traduction ne sera jamais définitive (il est toujours possible que le metteur en scène décide de couper un passage ou de modifier certaines scènes d’une représentation à l’autre).
Notons également que les dialogues de pièces de théâtre sont de nature plus littéraires que ceux de film. Bien sûr, tout dépend du film me direz-vous mais le surtitreur doit toutefois veiller à préserver autant que possible la poésie du langage, sans toutefois trop s’éloigner du texte source pour éviter de gêner la compréhension des spectateurs. Par exemple, il ne peut pas prendre la liberté de changer le nom des personnages car les spectateurs liraient un nom qu’ils n’entendraient pas sur scène.
Et le dernier point qui différencie les surtitreurs des sous-titreurs : le traducteur doit faire défiler lui-même ses surtitres durant la représentation. En effet, contrairement à un film ou tout autre matériel audiovisuel, une pièce de théâtre est un spectacle vivant qui peut changer de rythme d’une représentation à l’autre. Le surtitreur doit donc être présent à chaque représentation pour veiller à ce que ses surtitres s’affichent au moment voulu. Bref, plus qu’un métier, c’est tout un art !
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, voici une étude très intéressante sur le surtitrage et la stratégie de traduction employée : https://traduire.revues.org/288#ftn11
Une autre sur la place du surtitrage comme mode de traduction : https://journals.lib.unb.ca/index.php/tric/article/view/7068/8127
Et un petit article sur les surtitreurs, ces auteurs de l’ombre : http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Le-surtitrage-au-theatre-bien-plus-qu-un-accessoire-_NG_-2010-02-17-547039
À la semaine prochaine pour un autre article !
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