Après plusieurs semaines de silence, (j’avoue, j’ai un peu laissé de côté mes bonnes résolutions…), j’entame une nouvelle rubrique, consacrée aux grands traducteurs francophones.
Je commence cette série de portraits avec l’un des traducteurs probablement les plus enviés de France : Jean-François Ménard.
Qui c’est celui-là ? On le connaît ? Oh oui, je suis sûre que vous le connaissez. Vous êtes même sûrement très nombreux à avoir lu ses traductions si vous faites partie de ma génération…
Si je vous dis Moldus, Maugrey Fol-Œil, Poufsouffle, Poudlard, ça vous dit quelque chose ? Haaan ! Eh oui, si vous vérifiez la première page d’un des livres de la saga Harry Potter, vous trouverez bien le nom Jean-François Ménard, que je surnommerai ici J-F par fainéantise facilité !
J’ai passé toute mon adolescence à dévorer les romans volumineux sortis tout droit de l’imaginaire de J.K. Rowling sans penser un seul instant que si je suis devenue fan des aventures du jeune sorcier, c’est grâce à ce monsieur aux cheveux gris et à l’air sympathique. Il était donc temps que je consacre un billet au traducteur du chef-d’œuvre de la littérature jeunesse de ma génération (non, non je n’exagère pas, je suis juste un peu fanatique).
Un magicien des mots
Catherine Bon de Sairigné, responsable de la littérature jeunesse chez Gallimard, avait expliqué lors d’une interview que J-F avait été choisi dès le premier tome pour son « esprit fantaisiste et créatif ». En effet, avant Harry Potter, Jean-François Ménard était déjà un sorcier auteur et traducteur bien établi. Il avait notamment traduit Le Bon Gros Géant de Roald Dalh, qui avait d’ailleurs salué son inventivité sémantique et lexicale et déclaré que J-F était son traducteur favori !
Séduit par le monde magique et surtout par le langage très riche de J.K. Rowling, J-F s’est plongé corps et âme dans la traduction de la saga du jeune sorcier.
Un travail d’érudit
Contrairement à ce que l’on peut croire, la traduction des œuvres de la littérature jeunesse n’est pas un jeu d’enfant. Et Harry Potter n’échappe pas à la règle, bien au contraire. Les sept tomes de la saga sont remplis de références à la littérature, la Bible, la mythologie, l’Antiquité, l’Histoire… ce qui en fait une véritable encyclopédie ! J-F a donc passé de nombreuses heures à consulter des grimoires ouvrages de tous genres afin de trouver le terme juste pour traduire tel nom de personnage, telle formule magique, tel objet imaginaire.
En 2013, Gallimard Jeunesse avait organisé une rencontre avec J-F pour qu’il puisse parler de son travail de traducteur. Je vous donne ici un extrait très intéressant de cet entretien.
Et pour écouter l’entretien en entier, c’est ici !
Un véritable marathon
Traduire un auteur à succès est non seulement synonyme de beaucoup d’argent (J-F ne cache pas que les aventures d’Harry lui ont rapporté des millions, qu’il s’est empressé de déposer à Gringotts) mais aussi de pression de la part des milliers de fans qui attendent impatiemment la sortie du prochain tome. À partir de Harry Potter et la Coupe de Feu, le 4ème tome pour les non-initiés, les 64 traducteurs de la saga ont été soumis à un rythme affolant afin de pouvoir publier à temps la suite des aventures du jeune sorcier. Dans un entretien accordé à L’Express Culture, J-F explique :
« [on] ne découvre le livre qu’au moment de sa publication en anglais […]. J’ai donc travaillé non-stop pendant deux mois environ, de 6 heures du matin à minuit, avec une pause indispensable de deux heures au moment du déjeuner afin de me changer les idées. Je m’accordais aussi une séance avec un kiné, chaque semaine, pour me détendre et repartir de plus belle. »
(Moi je dis qu’on devrait lui décerner une médaille d’or aux Jeux Olympiques ! Comment ça, la traduction n’est pas un sport ?)
Au total, J-F aura consacré dix ans de sa vie à traduire les aventures du jeune garçon à lunettes et aux cheveux en bataille. Dix ans où il aura réussi à faire rêver des milliers de lecteurs en quête d’aventures et de magie et à donner à d’autres l’envie d’écrire ou de traduire à leur tour une saga aussi intense que celle d’Harry Potter. Alors Monsieur J-F, je vous tire mon Choixpeau chapeau et espère que J.K. Rowling se lancera dans une suite des aventures du jeune sorcier afin de pouvoir savourer à nouveau votre plume !
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