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Dans la forêt du miroir : essais sur les mots et sur le monde

Publié le

Hello ! Je n’ai pas écrit hier mais pour une fois je n’étais pas en vadrouille (le temps n’étant pas au beau fixe, j’ai profité du congé de Pentecôte pour me reposer). Et qui dit repos, dit lecture ! J’ai donc pu enfin terminer Dans la forêt du miroir d’Alberto Manguel, acheté à la Foire du Livre de Bruxelles quelques mois plus tôt. Voici donc un petit billet Croque-livre 🙂

Notez ici que le nom de la traductrice apparaît directement sur la couverture, fait rare !

Notez ici que le nom de la traductrice apparaît directement sur la couverture, fait rare !

Résumé

Dans la forêt du miroir n’est pas un roman mais un recueil d’essais sur les mots et sur le monde écrits par Alberto Manguel. En choisissant pour guide le personnage d’Alice, il aborde différents sujets liés à la lecture et à la compréhension du monde au travers des mots. En bref, ce n’est pas le genre de livre que l’on peut lire d’une traite puisqu’il invite à la réflexion. Mais pour les linguistes et les traducteurs, c’est un ouvrage passionnant.

Alberto Manguel

Alberto Manguel

L’auteur

Né en 1948 à Buenos Aires, Alberto Manguel est non seulement écrivain et essayiste, mais aussi critique, éditeur, auteur d’anthologies et traducteur. Il connaît donc l’univers des livres et des mots sur le bout des ongles. Au cours de sa vie, il rencontre d’ailleurs plusieurs écrivains, dont le grand Jorge Luis Borges, dont il devient l’un des lecteurs (Borges étant aveugle, il aimait qu’on lui fasse la lecture). Fils d’un ambassadeur, Manguel a également la fibre du voyage. Après avoir passé les sept premières années de sa vie en Israël, il revient en Argentine pour y faire ses études avant de s’envoler à 21 ans vers l’Europe pour travailler comme lecteur pour diverses maisons d’éditions en France et au Royaume-Uni. Il commence par ailleurs à écrire des nouvelles pour lesquelles il remportera le Premio La Nacíon en 1971. Tout en contribuant régulièrement à différents quotidiens anglophones, Manguel rédige ses premières anthologies, dont la plus connue est probablement Black Water: The Book of Fantastic Literature. Récompensé à de nombreuses reprises tout au long de sa carrière, Manguel continue d’écrire et de partager son immense savoir encore à ce jour.

CLB

Christine LeBœuf

La traductrice

Si d’habitude je n’aime pas acheter de traductions à partir de l’anglais, je me suis quand même laissée tenter par cet ouvrage. Et si par moment, j’avais l’impression de sentir la traduction, je tire toutefois mon chapeau à sa traductrice, Christine Le Bœuf. Je n’ose même pas imaginer le nombre d’heures qu’elle a dû passer à faire des recherches pour traduire ce recueil rempli de faits historiques et d’extraits d’ouvrages en tous genres. Née à Bruxelles mais naturalisée française, Christine Le Bœuf est avant tout une illustratrice qui a travaillé pendant plus de vingt ans pour diverses maisons d’éditions, dont Hachette, l’École des Loisirs et Actes Sud. C’est d’ailleurs principalement pour cette dernière maison d’édition qu’elle traduit depuis 1986. À ce jour, elle a plus de 60 traductions à son actif, dont 8 ouvrages d’Alberto Manguel. Si vous aimez Paul Auster, vous avez certainement dû lire sa plume car elle est sa traductrice française régulière depuis 1988.

Essai sur la traduction

En parlant de traduction, l’essai Lire blanc pour noir m’a particulièrement marquée puisqu’il aborde l’éternelle question : « traduire, est-ce toujours trahir ? » Dans ce texte, Manguel explique que « aucune traduction n’est jamais innocente » puisque le traducteur est avant tout un lecteur et qu’il possède donc sa propre lecture du texte et que c’est cette version qu’il transmet aux autres lecteurs. Si je suis tout à fait d’accord avec cette hypothèse, je le suis moins quant à l’idée que Manguel se fait de la traduction. Selon lui, la traduction permet d’améliorer le texte original, en corrigeant les éventuelles erreurs de l’auteur. Étant traducteur lui-même, Manguel avoue d’ailleurs avoir supprimé de son plein gré certains mots dans sa traduction du Conte Bleu de Marguerite Yourcenar. Et il prend comme contre-exemple Nabokov et sa traduction d’Eugène Onéguine qui conserve les défauts de Pouchkine. Nabokov disait en effet que le devoir du traducteur n’était pas « d’améliorer ou de commenter l’original mais de donner au lecteur ignorant d’une langue un texte recomposé dans tous les mots équivalents d’une autre ». Manguel prétend que Nabokov a tort car les langues ne sont pas « équivalentes » et qu’il est donc impossible de traduire un texte sans devoir dévier du texte original. Je suis d’accord sur ce point mais je ne pense pas que le traducteur doit absolument « améliorer » le texte original et s’approprier le texte. D’ailleurs Manguel parle des dérives de certains traducteurs, devenus censeurs. C’est le cas de tous les traducteurs des classiques grecs et romains qui supprimaient tous les passages érotiquement explicites, par exemple. Manguel termine cet essai en disant que si la traduction peut être souvent « trompeuse » et « corrompue » en pratiquant la censure, elle peut aussi « sauver certaines cultures ». Et il donne pour exemple le lexicographe américain Robert Laughlin qui a passé quatorze ans de sa vie à concevoir un dictionnaire bilingue anglais-totzil pour montrer aux étrangers que les peuples indigènes du Chiapas étaient loin d’être stupides.

Bref, je m’arrête ici et vous conseille donc Dans la forêt du miroir* si vous aimez ce genre d’essai !

À la semaine prochaine pour un nouveau billet !

* Dans la forêt du miroir : essais sur les mots et sur le monde, Actes Sud, 2003

À propos de Elise Lignian

Traductrice de l'anglais, du russe et de l'espagnol vers le français, je travaille en tant qu'indépendante. Rédaction, correction, révision de traduction et traduction sont les services que j'offre à mes clients. Pour plus d'informations à mon sujet, consultez dès maintenant mon site http://translovart.com.

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