Cette semaine a débuté avec la Journée internationale des droits des femmes et j’avais donc envie de vous parler d’égalité des genres dans la langue française. Parce que oui, notre bon vieux français est sexiste. On se rappelle tous de cette fameuse phrase :
«Le masculin l’emporte sur le féminin.»
Vous êtes-vous déjà interrogé·e sur le bien-fondé de ce principe (qui n’existe d’ailleurs que depuis le XVIIIe siècle…) ? Élève sage et studieuse, j’avoue que j’appliquais assidûment cette règle sans jamais me poser de question. Mais plus je me plonge dans des lectures féministes, plus je comprends l’utilité de l’écriture inclusive.
Mais c’est quoi exactement l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive, appelée aussi langage épicène, vise à «inclure» davantage le féminin dans l’écriture afin de rééquilibrer la langue. Pour y parvenir, certaines règles sont donc modifiées (ou plutôt reviennent à ce qu’elles étaient avant le XVIIIe siècle). (Les règles suivantes ont été reprises du blog Le Conjugueur).
Ainsi, on n’écrit plus «ils» pour englober les hommes et les femmes, mais on écrit «elles et ils» (et si l’on met le féminin avant le masculin dans ce cas-ci, c’est uniquement pour une raison d’ordre alphabétique).
L’adjectif qui se rapporte à un groupe de mots ne s’accorde plus automatiquement au masculin, mais au genre du dernier mot qui le précède (par exemple : «les hommes et les femmes sont belles»).
Et enfin, on féminise les noms de métier, titre ou fonction en ajoutant un point médian (que vous pouvez obtenir en tapant Alt+0183 (ou Alt+Maj+F si vous êtes plutôt dans l’équipe de la marque à la pomme). On écrit donc «les traducteur·rice·s», «un·e écrivain·e» ou «un·e auteur·e» (à moins que ça ne soit «auteur·rice» mais c’est un autre débat).
Alors, vous aurez remarqué, si vous suivez mon blog depuis longtemps, que je n’applique pas vraiment ces règles. J’avoue avoir un peu de mal avec le point médian pour une question de lisibilité, tandis que les tournures telles que «les hommes et les femmes sont belles» sonnent encore faux à mes oreilles. Cela dit, il y a quelques années, je trouvais le terme «auteure» très moche, sans savoir exactement pourquoi, alors qu’aujourd’hui, je l’utilise sans aucun problème. Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !
Si j’avais envie de vous parler de ce sujet aujourd’hui, c’est parce que cela fait plusieurs semaines que je travaille sur la rédaction de fiches métier pour un certain client. Fiches métier qui concernent d’ailleurs principalement des postes à hautes responsabilités, fonctions qui sont malheureusement encore et toujours majoritairement dominées par les hommes. Comme toutes les règles de l’écriture inclusive ne sont pas vraiment acceptées par la sacro-sainte Académie française ni par le lecteur lambda, je ne peux pas l’utiliser dans la rédaction de ces fiches. Et cela m’attriste dans ce cas particulier, car je sais qu’une femme ne va pas forcément se sentir concernée par la description du métier, même si le titre de la profession inclut toujours la notion (f/h). Alors, j’improvise. Je n’applique pas les règles du langage épicène à la lettre, mais je fais en sorte de rédiger des phrases qui soient le plus neutres possible, de mettre des (e) (mieux accepté, il me semble, que le point médian) ou d’ajouter ci et là «il ou elle» ou «le ou la». Hélas, la rédaction Web est soumise à certaines restrictions, comme la limite de caractères ou encore l’obligation d’inclure certains mots-clés (bien trop souvent au masculin) pour que le texte soit bien référencé. Et dans tous les cas, le client reste roi (et la cliente reste reine) donc s’il ou elle refuse mes «il ou elle» ou mes «le ou la», c’est tout à fait son droit. Tout ça pour dire que mon côté féministe et mon côté professionnel sont un peu en conflit en ce moment. Donc j’essaye de faire au mieux pour équilibrer les deux (tout est une question d’équilibre après tout, je ne suis pas Balance pour rien, haha !).
Je ne vais pas m’épancher plus sur le sujet, je voulais simplement vous partager mon point de vue et mon expérience de rédactrice/traductrice face à la question de l’écriture inclusive.
Et vous, l’appliquez-vous au quotidien ? Pensez-vous pouvoir l’adopter à l’avenir ? Ou trouvez-vous au contraire qu’on ne doit pas toucher aux règles de grammaire ancestrales (même si elles ne sont pas aussi ancestrales que vous auriez pu le croire) ?
PS : Ceux qui me suivent remarqueront que j’ai dompté le nouvel éditeur WordPress et enfin trouvé le bouton «Justifier» dans un type de bloc. Youpi !
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Personnellement, j’avoue ne pas me poser trop de questions à ce sujet, si ce n’est celle qu’il faut du temps pour accepter tout changement, quel qu’il soit. Par exemple, j’ai un mal fou à me faire à la nouvelle orthographe, et je m’insurge toujours en relisant les textes que Christine prépare dans le cadre de sa fonction, en respectant la nouvelle orthographe (je suis un bon relecteur, sauf en ce qui concerne l’acceptation de celle-ci), alors qu’elle se voit dans l’obligation absolue de l’appliquer. Par exemple, il y a peu dans un de ses textes, je lisais bienêtre, donc sans trait d’union, que je trouve assez horrible ! Je lui avais d’ailleurs signifié en boutade que « savoir-faire » dans son texte comportait bien un trait d’union, ce qui ne répond à alors à aucune logique. En général, il existe une logique issue d’une une règle, quoique que la langue français tient son lot d’exceptions. Bref, tout ça pour dire, comme tu le dis, que le problème se situe souvent au niveau de l’acceptation. L’accent circonflexe n’a-t-il pas révolutionné le français à une certaine époque, et devons-nous s’émouvoir de sa disparition progressive dans la nouvelle orthographe, même si je trouve le « petit chapeau » tellement joli ?
Je me dis que tout ceci n’est pas bien grave, dans la mesure où la langue française nous survivra, et que ce qui paraît moche ou inacceptable, injuste mais accepté avec la loi du genre masculin qui l’emporte pourra naturellement être vu autrement par les générations futures. Je plaide donc coupable lorsque je rage qu’on ait osé touché à MA « belle langue française », celle de mon enfance, alors que le français ne m’appartient, et évolue constamment ! Il est vrai que je crains aussi une perte de richesse, de finesse, et de nuances.
Ah oui, Christine utilise beaucoup le point médian 😉
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Je comprends tout à fait. J’ai beaucoup de mal aussi à accepter les nouvelles graphies proposées (j’avais été choquée par exemple qu’il fallait désormais écrire «ognon» et plus «oignon»). Heureusement, du moins pour les traductions plus sérieuses, «l’ancienne» écriture est toujours acceptée. J’avais vu une vidéo assez intéressante au sujet de l’orthographe d’ailleurs, et ça avait un peu bousculé mon point de vue de «grammar nazi» : https://www.youtube.com/watch?v=5YO7Vg1ByA8. Cela dit, l’écriture inclusive me choque moins que la nouvelle orthographe, peut-être parce que je trouve la raison de l’existence de cette fameuse règle du masculin l’emporte sur le féminin bien plus choquante. La langue ne nous appartient pas, comme tu dis, elle ne cesse d’évoluer et, dans le fond, c’est aussi ça qui la rend riche !
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Excellent vidéo en effet ! Pleine d’humour ! Et qui pose les bonnes questions
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